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Les Pointus

Venus du fond des âges, les pointus attestent de la science des charpentiers de marine qui leur donnèrent forme, des équipages qui les armèrent! Provençaux, Liguriens, Napolitains ou Catalans. Les pointus sont d’abord des bateaux, qui peuvent affronter les pires caprices de la mer, quand le mistral se déchaîne ou se lève le terrible vent d’Est. Bateaux de peine, riches d’une fabuleuse histoire, ils ont apporté leur pain quotidien à des générations de pêcheurs. Aujourd’hui perdus dans le flot anonyme des coques de plastique, ils ne veulent pas mourir. Bateaux mythiques, très souvent abandonnés par les pêcheurs professionnels, ils sont devenus aujourd’hui pour les plaisanciers un des symboles de l’art de vivre des côtes provençales.

Sa longueur varie de 4 à 9 mètres.
Un pointu passe bien la mer parce qu’il ne la brutalise pas, voilà ce que vous dirait un vieux pêcheur.
Ce bateau, il ouvre la mer, et ensuite, il la referme ….. Bravo !
Les moteurs, ne sont apparus que vers les années 1920 avec le fameux moteur monocylindre Baudouin Y1 5cv à essence.
Souvenez-vous de la réplique dans la trilogie de Pagnol,  » c’est un diesel ?…….Non c’est un Baudouin !  »
A l’époque où les paysans de la mer devaient partir tous les matins pour pêcher afin de faire vivre leurs familles, ils ne se souciaient pas de savoir s’ils étaient Italiens, Nissarts, Sétois, Marseillais ou Varois, ils trimaient comme des forçats sur leurs avirons. (Voir la vidéo des frères Lumières).
Ils sont toujours utilisés par les marins-pêcheurs provençaux pour la pêche au filet ou à la palangrotte.
Le pointu est une richesse patrimoniale de la Méditerranée.
Des associations comme « les Voiles Latines de Saint-Aygulf », Amoureux du patrimoine maritime provençal et il en faut, de l’amour pour les entretenir car ils demandent des soins constants et doivent être calfatés chaque année.

BARQUETTE ? POINTU ?…
Ils sont tous deux des bateaux à voile latine et avirons.
Les pointus devraient leur nom à leurs formes effilées à leurs extrémités (avant, la proue; et à leur arrière, la poupe, aussi effilés l’un que l’autre). Construits à francs bords sur membrures sciées, ils se reconnaissent avec leurs grandes lignes dans tous les ports de Méditerranée Occidentale. Aujourd’hui bateaux de légende, devenus des pièces rarissimes dans leur état d’origine. Ils appartiennent à la famille des bateaux à voile latine, vaste famille méditerranéenne allant de l’Afrique du Nord à Malte, la Grèce, l’Italie (le Gozzo napolitain), la Côte d’Azur, le Languedoc, la Catalogne…
L’appellation « pointu » peut être vue comme un terme générique s’appliquant à de nombreux bateaux traditionnels en bois du Sud-Est de la France. La famille au sens large comprend notamment : la gourse de Toulon, ou la gourse de Nice dérivée du gozzo italien , la sétoise, la tartane, la barque catalane, les barques d’Afrique du Nord, de Malte, de Grèce, les felouques génoises, et les barques du lac Léman.
Ce terme entre dans le vocabulaire nautique au XIXème siècle par le biais de la Marine Nationale.
L’ arsenal de Toulon différencie ces bateaux à l’arrière plat, des bateaux locaux qui ont tous une forme pointue, par cette appellation. Il ne s’agit donc pas d’un terme provençal, mais d’une importation, qui est encore largement utilisée de nos jours dans le Var. Alors que la barquette marseillaise est pointue, à la proue comme à la poupe, le pointu possède une poupe arrondie.

Le tarquier de la côte des Maures
Le tarquier est bien défini et localisé sur la portion de littoral comprise entre les ports du Lavandou et de St-Raphaël en passant par Cavalaire , St-Tropez et Ste-Maxime.
La particularité du tarquier est d’être gréé avec une voile à livarde (« a tarchia » en italien). Bien que moins répandue que la voile latine, la voile à livarde occupe une place à part entière dans la tradition méditerranéenne.
Vers 1920, la voile à livarde cède cependant la place à la voile latine ou à la voile arabe (qui se différencie de la latine par la pointe avant tronquée).
Le tarquier sert à la pêche au gangui mais aussi au transport à travers le golfe de St-Tropez.
Sa coque se différencie peu de celles des autres bateaux de la région. Sa principale caractéristique est l’absence de plat-bord, avec des tolets pour les avirons déportés à l’extérieur de la coque, et traversant un simple liston.
Les tarquiers étaient habituellement tirés sur le sable, car le port de St-Tropez, jusqu’en 1920, était interdit aux pêcheurs et exclusivement réservé au commerce

Leur Père…
Ils ont été construits par des charpentiers de marine venus de Catalogne, de Ligurie, de Naples ou de Sicile. Bateaux mythiques, souvent abandonnés par les pêcheurs professionnels, ils sont maintenant, pour les plaisanciers, un des symboles de l’art de vivre de nos côtes provençales. De multitude de coloris, ils apportent à nos ports littoraux une véritable note de gaieté. Les pointus se comportent très bien aux exigences de la navigation en Méditerranée, aux caprices du vent et de la mer, leur permettant la pêche au trémail. Bateaux de peine, riches d’une fabuleuse histoire, ils ont apporté leur pain quotidien, à des générations de pêcheurs. Ils participent à l’animation des ports varois avec leurs couleurs vives et se distinguent au premier regard.
Les charpentiers de marine vont eux-mêmes en forêt, pour examiner les arbres appelés à leur fournir le bois nécessaire. Les troncs, mais aussi les branches maîtresses susceptibles de leur fournir des pièces de forme sont minutieusement examinés
Héritiers d’un savoir-faire exemplaire, transmis de génération en génération, souvent dans le plus grand secret, ils travaillent sans plan à partir de gabarits. Le plus célèbre d’entre eux est le gabarit de Saint-Joseph, un modèle en trois grandeurs qui permettait de tracer les membrures. Les outils des charpentiers de marine sont des plus simples, l’herminette à lame courbe qui sert à dégrossir, la scie à grume, la scie à ruban qui au début du XIXe siècle permettra de travailler les membrures

LE MYSTÉRIEUX GABARIT DE POINTU DE SAINT-JOSEPH
Ce n’est que récemment que l’on construit des bateaux à l’aide de plans établis par des architectes. La méthode la plus simple était de sculpter une demi-coque et à la juger au coup d’œil, un marin expérimenté pouvait savoir de suite quel serait le comportement de ce bateau en mer. Après des corrections éventuelles, en ajoutant du bois ou en rabotant, on relevait les mensurations afin d’établir un gabarit sur lequel la coque sera construite. Comme pour les vêtements, ces gabarits étaient conservés pour construire d’autres bateaux identiques ou inspirés de ses formes. On procédait à cette technique sur les côtes française de l’Atlantique et de la Manche. En Méditerranée, c’est le gabarit de Saint-Joseph qui fut utilisé. Nous savons que Saint-Joseph est le patron des charpentiers. Aussi, dans la tradition de certaines familles de constructeurs de pointus, on laissait entendre que ce gabarit, que le père tenait de son père, qui lui-même…Eh bien, ce gabarit, il avait été tracé à l’origine par le père de Jésus! En fait, le principe du gabarit de Saint-Joseph est que, à partir du seul maître-couple, il est possible de tracer tous les autres couples en se guidant sur un jeu de graduations avec une réglette, comme les couturiers. Si le gabarit de Saint-Joseph est unique, la réglette est différente selon la taille du bateau à construire. Inutile de préciser, un gabarit et ses réglettes constituaient un vrai trésor, et la façon de s’en servir était un secret de famille bien gardé. C’est pourquoi, jusqu’à ce qu’il transmette son savoir à son successeur, un charpentier marin s’enfermait toujours pour tracer les gabarits du pointu à mettre en chantier

Saint-Aygulf a eu son Maitre
Raphaël Autiero Charpentier de Marine
à Saint-Aygulf depuis 1945
Raphaël Autiero disait ceci « Moi, j’ai toujours travaille sans plan. Depuis la nuit des temps, on s’est
transmis le savoir-faire dans les familles, sans plan. On me demandait un pointu de 6 m? Je faisais un
de 6 m. On me demandais 7 m? je faisais 7 m, pas de plan, seulement l’habitude et le plaisir de
faire. »
Voilà ce que disait Raphaël Autiero peu avant sa mort en Mars 1993 a l’âge de 83 ans.
Ce Maitre de la construction méditerranéenne était l’un des derniers
Charpentiers Varois. Venu du sud de l’Italie, à la fin du 18 me siècle.
Le Maitre n’a pas eu de fils mais sa fille et son mari l’aidait souvent quand il y avait des pièces lourdes à mettre en place, car le Maitre n’avait plus ses vingt ans. C’est, sous l’impulsion de son ami , le Docteur Louis Thomas , Président fondateur « Association Les voiles Latines de Saint-Aygulf » , qu’il entrepris de faire construire deux Pointus , pour le Concours du Patrimoine Maritime 1992 :
Le premier fut le Saint-Aygulf, Pointu de tradition sans moteur et gréer voile latine et avirons de mer et le deuxième, le Ville de Fréjus, en Acajou pour la beauté et surtout la grande maitrise du Maitre : entièrement vernis, sauf la partie sous-marine de son vrai nom « Gourse Niçoise » avec son étrave particulière qui le distingue des autres pointus. Lui aussi sans moteur et grée voiles latines et quatre avirons de mer. Ces deux pointus remportèrent le 1 er prix sur 142 concurrents à Brest 1992. Raphael Autiero était également pêcheur professionnel, car quand il n’y avait pas de clients il fallait nourrir sa fan1ille. -Le Maitre construisait aussi des petits pointus appelé,  » Fresquier » qui mesuraient entre 3,20m a 3,50m servant uniquement sur « Les Etangs de Villepey » à Saint-Aygulf.
(Voir l’Article de L’Aygulfois)

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Face à la Galiote en 1895

Le Port en 1939

Raphaël Autiero

Gabarits

Raphaël Autiero et son oeuvre

Les
Pointus

Vidéo 1897 d’un pointu sortant d’un port